Cahier de plainte et doléance et supplication dressé par le Tiers Etat de la paroisse de Bullion, en exécution des lettres de convocation aux Etats Généraux et règlements à ce relative du 24 janvier 1789.

Article Premier.- Observe le Tiers Etat qu'il est dans l'impossibilité de supporter aucuns nouveaux impôts.

Art.2.- Requiert la charge des impositions être répartie par juste proportion entre tous les sujets de la nation, Clergé et Noblesse, sans avoir égard à leurs privilèges.

Art.3.- L'abolition de tout droits de comitimus, vexatoire au public par les frais extraordinaires que pour la plus part il occasionne dans des causes pur personnelles.

Art.4.-La destruction entière du gibier, d'autant plus nécessaire dans la partie de cette province que nous habitons qu'elle est remplie de quantité de bois et qui par la qualité du sol le attire quantité de lapins, qui mange et détruit la majeure partie des grains dès leurs croissance, met le cultivateur hors d'état de subsister, le prive même jusqu'à la production nécessaire aux engrais des terres pour les années suivantes. Il est d'autant plus essentiels de statuer sur cet objet que les difficultés qui naisse sur ses questions, d'après le règlement de la cour, maîts les cultivateurs dans l'impossibilité de pouvoir obtenir les dommages qu'il leurs sont faits.

Art.5.-La suppression de toutes volliéres à pigeons ou fuye, en telle sorte qui ne subsiste que les colombiers à pied, à l'égard de ceux qui peuvent en avoir le droit, à la charge par les propriétaires de tenir leurs pigeons enfermés pendant le tems des semances et celui de la maturité des grains jusqu'à leur entière récolte. Il est aussy d'autant plus essentiels de statuer sur cet objet que l'on ne craint point d'avancer que les dégats que causes ces animaux volatiles sont au moins aussi conséquent qu'une moitié du principal de la taille.
L'expérience nous apprend que la nourriture d'un seul pigeon est au moins de vingt grains de toutes espèce réitérés de cinq à six fois par jour, ce qui fait que un colombier de trois cents boulains à un seul pigeon par boulain, coûte au public en tems de récolte, compris les pigeonneaux, plus de trois cents mil grains par jour.

Art.6.-Que la prestation en argent des corvées soit supprimée, d'autant plus à charge aux public qu'elle est presque entièrement suporté par les cultivateurs, beaucoup plus dispendieuse que les rétablissements des chemins en nature, rétablissement qui ne se fait actuellement qu'à force de gros deniers et très mal réparés.

Art.7.-Que les aydes et gabelles soyent supprimées sauf à y être suppléé par un impôt générique, par le moyen duquel le commerce de ces différentes denrées soit entièrement libre.

Art.8.-Que les appels de la prévôté de Bullion se relève à l'avenir directement d'un siége royal dont serait formé arrondissement le plus à leur proximité pour y être jugé présidialement en dernier ressort jusqu'à concurrence de quatre mil livres, et ce pour éviter les frais considérables qui leurs font éprouvés leurs différents degrés de juridiction.

Art.9.-Qu'il soit fait deffences à tout laboureur chacun en particulier d'exploiter personnellement plusieurs fermes en même temps, comme contraire à la population et gênant les établissements.

Art.10.-Les habitants de Longchêne, Ronqueux et l'Hérable demande qu'il y ait un vicaire dans ladite paroisse de Bullion au comte du seigneur, attendu que le seigneur reçoit la dîme desdits hameaux aux charges par lesdits seigneurs, leurs représentant ou ayant causes de faire dire une messe, les dimanches et fêtes, à une chapelle située aux hameaux dudit Longchêne en l'honneur de Saint Claude, la dite chapelle est présentement détruite, et nos seigneurs prédécesseurs se sont réservé les dites dîmes sans leurs acquitter des charges, et la plus part des habitants desdits lieux ne pouvant avoir la satisfaction d'assister à l'office divin, et, pour assister à une première messe, il faut aller à une lieue et demie ou deux lieues.

Art.11.-Quand à l'égard de la confection des papiers terriers pour passer des nouvelles déclarations au seigneur pour les droits féodal et droits seigneuriaux, que les frais desdits déclarations soit au compte du seigneurs.

Denis Guilles - Sichaux.-G.Desnus.- Bagot.- Pierre Maury.- Breton.-Claude Hamet.- P. Blin.- Rilleau.- Zacharie Boisselet - Marin Le Brun.- Hervieux.- Louis Le Gendre.- P.Gandrille.-Jean-Robert Le Gendre.- G.G.Menant.- Fallot, sindic.- Bertrand, greffier de la municipalité
Paraphé ne varietur par nous, procureur fiscal de la prévôté de Bullion, au désire de notre procès-verbal de ce jourd'huy 8 mars 1789, pour estre par les députés y nommés porté à l'assemblée du Baillage royal de Montfort-Lamaury du 16 du présent mois.

Et par moi signé

Le Gendre, procureur fiscal.

Acte d'assemblée.
Assemblée le 8 mars 1789,en l'église, par-devant Charles-Robert Le Gendre, procureur fiscal de la prévôté de Bullion, des membres de l'assemblée municipale et autres habitants de ladite paroisse de Bullion, composée de 166 feux. Rédaction du cahier. Election de Jacques Falot et Guillaume-George Menant, laboureurs, pour le porter à Montfort-L'Amaury.